L’avenir de la Colline parlementaire

Avant propos

L’ouvrage évalue l’ensemble du plan de réaménagement de la Colline, les bâtiments ne sont vus qu’en fonction d’éléments au sein de cet écosystème. Évalue également les objectifs fixés pour le réaménagement.

Introduction

– Québec vue comme un symbole du conservatisme et de la tradition. On y retrouve les charmes de la vieille Europe.

– Québec comme « autre image » de l’Amérique.

– La ville se métamorphose : si elle garde son caractère pittoresque, elle fait maintenant place à une cité parlementaire et à des édifices ultra moderne (dont l’édifice G et le « bunker », pinacles du mouvement brutaliste à Québec). Nettoyage de la rivière Saint-Charles afin d’y aménager des sentiers.

– Les citoyens manifestent de plus en plus de scepticisme devant les masses de béton qui s’érigent sur le Cap Diamant. Quelle sera la prochaine étape?

– C’est le devoir du citoyen de prendre part à la discussion puisqu’elle le concerne de près.

– Plan de l’analyse critique : Présentation des objectifs visés du réaménagement. Objectifs sont-ils bons? 3 possibilités : Les travaux accomplis réalisent ou non les objectifs ; les travaux projetés réaliseront ou non les objectifs ; y a-t-il d’autres objectifs qui auraient pu être recherchés?

Historique

– 1956 : Le rapport Gréber annonce la centralisation des services gouvernementaux, prolongement du boulevard St-Cyrille, construction du boulevard Champlain et établissement des voies d’accès au centre-ville. Suggère aussi de remettre en place la commission chargée de l’embellissement de la ville, créé en 1941 et annulé en 1944. Il suggère aussi d’augmenter substantiellement leurs pouvoirs et leur marge de manoeuvre.

– 20 juin 1960 : Jean Lesage annonce la création d’une commission chargée de son embellissement. La commission produit un premier rapport, qui affirme l’urgence du réaménagement de la zone de la Colline.

– Commission d’aménagement de Québec (CAQ) créée le 10 juin 1961 et entre en fonction le 1er juillet. 2 phases : 1961-1965 sous Édouard Fiset ; à partir de 1965, un comité de 6 personnes à la tête.

– La CAQ annonce dès 1961 son intention de construire en prolongement direct des édifices parlementaires.

– 1963 : Rapport Fiset. Première étude aussi complète et détaillée. Présente une étude complète de l’aire no. 3 (nord du boulevard St-Cyrille). Le plan de réaménagement rencontre de la résistance. Malgré cela, la ville va de l’avant et entérine les propositions du rapport par la mise en place de règlement de zonage.

– 1965 : Le nouveau règlement de zonage prend effet législatif. On confie au Comité Pratte l’étude des projets d’aménagement. Il fait appel à l’urbaniste Jean-Claude LaHaye. Ce dernier propose une solution « convexe vers le bas » (structures basses autour de la Cité parlementaire et de plus en plus haute en s’éloignant). 17 septembre : approbation du projet de Place Québec.

– 1967 : Ralentissement des activités de la CAQ à cause de l’entrée en vigueur de la Société d’habitation du Québec (SHQ). Annule le pouvoir législatif de la CAQ. La CAQ demande une extension afin de pouvoir compléter le plan directeur pour la Colline.

– Juin 1969 : Remise du Concept général de réaménagement de la Colline parlementaire, 1967-1987 à la CAQ. Elle termine son mandat et laisse le soin à la Ville et et à la SHQ la continuité du projet.

Chapitre 2 :  Concept général de réaménagement de la Colline parlementaire, 1967-1987

– Guide souple plus que plan directeur.

A. Centralisation des services gouvernementaux

– La Cité parlementaire allait engendrer la destruction massive d’un très grand nombre de logis, entraînant le dispersement de la population du quartier. Les habitants vont dans des H.L.M ou en banlieue.

– Modifications du réseau routier amenées par la centralisation des pouvoirs et par les nouveaux emplois offerts dans les centres ultramodernes (hôtels, Place Québec, etc.)

– Dès en plan dans les années 50. Le morcellement des services gouvernementaux ne sont pas efficaces ou rentables ; on entreprend donc de centraliser les services. En corollaire, on souhaite entourer les instances de pouvoir de prestige et d’éclat.

– D’autres avenues possibles : en 1962, on propose deux cités : une législative et l’autre administrative (Bonenfant et Cimon) ; Hogston et Robitaille proposent une encore plus grande décentralisation.

– Imprécision dans la demande réelle en espace qui, pourtant, était la raison des travaux ; en 1961, on estime avoir besoin d’environ 1 million de pieds carré mais on construit, avec les complexes G, H et la Cité parlementaire, 1 400 000 pi. c. En 1962, on fait une analyse sommaire des besoins réels : on estime avoir besoin de 200 000 à 300 000 pi. c. seulement, soit environ 800 000 à 1 100 000 pi. c. de moins que les estimations préliminaires.

– L’auteur estime que le gouvernement n’a pas pris les mesures nécessaires afin d’éviter une débâcle organisationnelle et sociale.

– Zone St-Cyrille comme lieu de transformation urbaine liée à la table rase des années 50 et 60.

– À partir de 1962, on passe de 5000 à 20000 en nombre de fonctionnaires qui travaillent dans la Cité parlementaire (plus de 300% d’augmentation).

– Destruction du quartier justifiable puisqu’on ne lui accorde aucun intérêt.

B. Cité parlementaire comme élément dominant et distinct

– On rappelle l’importance d’une Cité parlementaire impressionnante, à même d’attiser l’orgueil des québécois.

– Style renaissance du bâtiment parlementaire déterminé par le Premier ministre, qui affectionne particulièrement ce courant.

– Ce dernier est considéré comme le bâtiment principal de l’ensemble.

– Fiset préconise la solution « convexe vers le haut », soit que les bâtiments situés au nord du boulevard Saint-Cyrille ne soient pas plus hauts que ceux du gouvernement au sud du même boulevard. La dénivellation du territoire aurait accordé aux bâtiments gouvernementaux la prédominance.

– LaHaye va y préféré la solution« convexe vers le bas », soit de construire des constructions basses dans le voisinage immédiat de la Cité parlementaire et à édifier une ceinture d’immeubles en hauteur sur le périmètre des secteurs entourant le centre gouvernemental « une gerbe de roses entourées d’épinettes bleues ».

– Sur le plan visuel, l’auteur prévoit la perte d’importance de la Cité par le trop grand nombre d’immeubles commerciaux et leur trop importante hauteur.

C. La silhouette de Québec

– La silhouette oubliée dans le plan de la Cité. Potentielle destruction des points de vues.

– Fiset propose une orientation horizontale de direction est-ouest. Il propose également de construire en gradins afin de noter les différences de niveaux.

– LaHaye change considérablement le plan de Fiset puisqu’il doit répondre à des enjeux économiques (notamment la construction de Place Saint-Cyrille). S’opposant au plan de Fiset, trop en lien à la « vieille » ville et le vieil urbanisme des temps anciens, il propose de construire en hauteur afin de refléter la ville « moderne ».

– LaHaye comme architecte du mouvement. Explique ses choix esthétiques en pensant la Cité telle que vue par un visiteur qui ne fait pas dans la « contemplation lente », mais dans la « beauté cinétique ». On assiste au dévoilement du Parlement après avoir passé la forêt de tours modernes.

– L’auteur se questionne à savoir si la solution verticale est apte à créer une silhouette mieux adaptée à Québec que la composition horizontale, et s’il est possible d’assurer le contrôle de cette silhouette.

– Première question : le modèle de Fiset fonctionnerait mieux avec Québec (conditions naturelles et historiques). Fiset comme continuité du caractère historique de la ville.

– Les tours trop espacées pour constituer un réel lien visuel entre les éléments.

D. Intégration à l’environnement

1. Intégration formelle

– On cherche à intégrer et à conserver l’échelle humaine aux pourtours de la Colline.

– Difficile à conserver lorsqu’on y mêle des complexes élevés.

– Non respect de ces préoccupations (édifice G, Hilton…)

– Espace démesurément ouverts empêchent l’intégration à l’environnement.

– Résultat d’intégration partiel au mieux. Apparaît en 1969. On considère aucunement le quartier, jugé comme étant affreux et sans qualité.

2. L’intégration des fonctions

– Concept général préconisait l’habitation, les échanges commerciaux, culturels, fonctions administratives, divertissements et activité manufacturière.

– La Colline chasse 1500 familles afin d’y faire face ; l’Aire 3 un total de 900 personnes. La moitié de la population doit quitter le quartier.

– Le projet ce Colline ne parvient pas à augmenter la densité de population dans ce secteur de la ville.

– Seulement 500 personnes vivent dans le secteur III, immensément moins que le prévoyait le Plan directeur. En vérité, il ne subsiste aucune réelle intensification dans le volume d’habitants suite aux projets mis en place pour la Colline.

3. L’animation des espaces publics

– Afin de rendre les rues plus animées et colorées, Bland propose de faire des édifices à bureaux gouvernementaux des centres hybrides abritant également des boutiques au rez-de-chaussée.

– On souhaite dans le rapport final que le quartier encourage les piétons à y continuer leur promenade depuis le Vieux-Québec.

– La Cité parlementaire ne peut pas réussir à attirer les foules pour de nombreuses raisons, dont les vents très forts dû aux dégagement latéraux et la fonction des bâtiments (rien n’attire les piétons dans ces bâtiments).

– La Cité n’invite ni ne guide le piéton, mais lui interdit pratiquement l’accès de ses terrasses.

– Le quartier a complètement perdu son caractère distinctif.

E. Perspectives sur les Laurentides

– Les percées vers les Laurentides ne furent pas réalisées complètement ; discernables uniquement quelques endroits (sur la Place D’youville ou l’autoroute Dufferin).

– Le moyen le plus sûr de préserver les points de vues est de sauvegarder ceux qui sont présents à ce moment.

Bilan

– Uniquement la centralisation comme réalisation concrète et retenue des travaux préliminaire de Fiset et al.

– Les bâtiments en hauteur diminuent l’importance de la topographie.

– Cette immense transformation du territoire se soldera par un bilan nettement négatif.

 Chapitre 3 : Esquisse d’un concept général

– La nature et l’histoire comme outil encadrant dans la recherche et l’analyse du réaménagement de la Colline.

– Fiset affirmait qu’à part le vieux quartier, on devait laisser l’architecte entièrement libre dans son activité de création. Celui-ci pouvait choisir les volumes, les hauteurs et les matériaux qu’il souhaitait.

A. La tradition urbaniste de Québec

– 3 traits importants : densité, caractère intime et valorisation des sites.

– Densité : Contenu entre le fleuve et la falaise, les débuts de la ville montre déjà une densité importante. L’Intendant de Meulles (1689) pense que la haute-ville ne sera jamais habité. Encore plus accentué avec la construction des fortifications qui, entre autres, protège du froid par la transmission de chaleur entre les bâtiments. En 1956, Québec est la ville la plus dense au Canada (19000/mille carré).

– Caractère intime : lié aux places publiques toujours à échelle humaine. Les milieux réduits reflètent la topographie de Québec.

– Valorisation des sites : Présent depuis la fondation de la ville, on cherche à mettre en évidence le caractère pittoresque inhérent à Québec. Cette valorisation est de plus en plus négligée au 20ème siècle.

B. Les édifices publics et leur symbole au cours des âges

– Monuments publics en vue d’impressionner. On achète les terrains avant même de savoir quoi mettre dessus.

– La Cité parlementaire comme symbole de fierté pour les Québécois. On rassemble les bâtiments afin de créer une idée de cohésion.

– Autocratie : Pouvoir centralisé et édifices comme symbole « dominant »

– Démocratie : Bâtiments décentralisés et liés aux bâtiments civils. Construits à proximité du peuple.

– Urbanisme moderne suit encore la composition urbaine dictée par les régimes absolus d’antan. Les villes sont anachroniques (exemples de Washington, DC et de Toronto très parlants).

C. Décentralisation des édifices gouvernementaux

– Les gouvernants doivent se rapprocher des gouvernés. Ce lien est avant toute une mesure sociale d’une haute portée.

– Québec a raté l’occasion d’améliorer son territoire lors de la construction de la Cité.

– La décentralisation proposée organise les bâtiments partout sur le territoire de la ville et crée à l’aide d’espaces verts des lieux d’interactions avec le public.

– Les bâtiments ainsi mis en place pourraient avoir une architecture changeante, à l’image de leur site d’implantation.

– Devant [l’]indolence horripilante qui accepte la détérioration croissante des éléments les plus riches du tissu urbain, l’auteur propose la mise en place rapide de la décentralisation des pouvoirs.

– Propose également le réaménagement de certains sites de la ville.

D. Pour une Colline parlementaire plus humaine

– On souhaite arrêter les constructions telles que commandées par le Concept général.

– L’histoire nous dit que ces recommandations ne furent pas suivies ni réellement considérées.